Tout d’abord, je dois dire que j’ai vraiment beaucoup aimé !!!

Concernant l’histoire, les personnages sont authentiques et attachants (Sonate me touche bien sûr tout particulièrement, et la grand-mère ne manque ni de pittoresque ni de piquant), l’intrigue bien ficelée, la narration capte l’attention… bref autant de bons ingrédients pour nous tenir en haleine…

Sur la forme, j’ai été particulièrement sensible à l’esthétique générale, c’est-à-dire :

– l’élégance voire la poésie de certaines silhouettes, notamment quand elles marchent vers leur destin (Sonate, Polaris, Muse…),

– la sobriété d’un dessin très expressif et très direct, les nuances finement travaillées des ombres et des traits,

– et un univers coloriel limité mais intense et vibrant, utilisé comme un 2ème langage qui jalonne avec cohérence les différentes appartenances des personnages.

En résumé, et pour rester dans l’allégorie de la BD, certaines planches m’ont fait penser à l’onirisme de Saint-Exupéry et de son Petit Prince qui aurait croisé la route, délirante et exaltée, d’un manga japonais… donc au final une alchimie singulière, intéressante et porteuse d’émotions !

Sur le fond, c’est très riche en effet… et pour moi, ce serait un ouvrage qui s’adresserait plutôt à un public un peu initié, car le propos est dense et mêle différents concepts. Néanmoins, la forme rend accessible différents niveaux de lecture. Elle ouvre ainsi la voie à de très nombreuses interprétations personnelles… du coup, un public amateur de heroic fantasy ou tout simplement de BD pourrait tout à fait y trouver son compte aussi !

Pour ma part, il m’a fallu une relecture plus poussée de certains passages pour bien retrouver le sens de la quête annoncée dans l’intro « Plus qu’une histoire ». A un moment donné, je me suis demandé s’il n’aurait pas fallu plus d’interstitiels (cf les planches bleues pastel où Sonate ou son « Ombre » expriment leurs pensées) pour guider la lecture à des endroits plus labyrinthiques… mais, au final, je me suis dit que c’était parfait comme ça ! Que l’équilibre « explications-suggestions » était juste, bien dosé, et permettait en fait à chacun d’entrevoir, avec subtilité, une compréhension de l’ensemble, en fonction de son propre vécu et de ses connaissances.

J’ai évidemment été particulièrement attentive au registre « rhétorique », aux clés adressées aux lecteurs. J’ai trouvé malignes et modernes les cartes des joueurs « à la façon Chevaliers du Zodiaque » avant les battles pour représenter les niveaux et les techniques… Cette initiation d’un genre romanesque ouvre bien à la fois la curiosité et le champ des possibles… pour un approfondissement de tout cela dans un autre ouvrage ;) Par ailleurs, je trouve que Maître Ogme a beaucoup de prestance ☺ !

Pour finir, j’ajouterais qu’en plus de toutes les idées présentées par les auteurs en début de BD, ma sensibilité et mon histoire m’ont fait recevoir plus intensément un thème lié à la rédemption et au pardon. Et, pour moi, le passage le plus fort et qui m’a vraiment émue (certes, je suis très sensible en ce moment !) c’est l’accolade finale entre Sonate et Muse, magnifiquement illustrée par le dessin de la « spirale » rouge et noire qui symbolise à la fois le début et la fin, le tout et l’individu… notre universalisme singulier (presque une fleur aussi ☺).

Bref… j’ai aimé découvrir cet univers, d’ailleurs, ça m’a donné envie de lire le 1er volet ce qui est la meilleure des argumentations. J’imagine que la prochaine Famille présentée sera celle de la Justice ;)

Tu peux vraiment être très fier d’avoir participé à cet ouvrage… aussi ambitieux qu’exigeant !

Une œuvre élégante, nuancée, profonde, moderne et empreinte de sincérité ! Qui (r)éveille la curiosité pour le noble art de la Rhétorique !